Il entre dans une pièce comme une ombre qui joue avec la lumière, un éclat fugitif qui accroche le regard sans jamais s’y attarder. Il parle doucement, d’une voix teintée d’une chaleur feutrée, mais quelque chose dans son intonation semble suspendu, comme s’il retenait toujours une dernière note, un mot de trop ou de moins. Sa présence est apaisante, presque magnétique, et pourtant, au détour d’un silence, elle devient pesante, comme si l’air lui-même hésitait à se poser autour de lui.
Son regard capte, effleure, puis glisse ailleurs, insaisissable. Il sourit avec une facilité déconcertante, un sourire qui semble fait pour rassurer, mais qui ne s’ancre jamais tout à fait dans ses yeux. Ce n’est pas qu’il mente, non, il ne donne jamais l’impression d’être faux. C’est pire : il donne celle d’être un reflet, une surface lisse où chacun projette ce qu’il veut y voir.
Quand il écoute, il donne l’impression de comprendre au-delà des mots. Ses silences sont pleins, denses, comme s’il pesait chaque phrase sur une balance dont seul lui connaît l’équilibre. Il répond juste assez pour nourrir l’illusion d’une sincérité absolue, mais jamais assez pour que l’on sache s’il a réellement livré quelque chose de lui.
Il peut être infiniment courtois, presque tendre, et l’instant d’après, il semble ailleurs, comme une silhouette qui s’efface dans un tableau trop vaste. Ce n’est pas qu’il fuit. Il se dérobe d’une manière plus subtile, laissant l’étrange sensation d’avoir rêvé sa présence.
Il donne sans jamais trop offrir, parle sans jamais trop dire, existe sans jamais se laisser saisir. Un murmure qui s’attarde, une empreinte dans la brume.