De mon point de vue rien ne change sur le fond
Depuis le verdict du procès Pelicot, je lis un certain nombre de commentaires affirmant que « la honte change de camp ». Ces paroles semblent symboliser une victoire, une évolution des mentalités où les victimes seraient enfin entendues et respectées. Cependant, cette perception ne correspond pas à la réalité de toutes les victimes.
Si vous êtes « la bonne victime », on vous croira
Ce procès a mis en avant l’idée d’une « bonne victime » qui serait crue et soutenue si elle répond à une image précise : une femme impeccable, munie de preuves irréfutables et ayant un comportement au-delà de tout reproche. Même dans ces conditions, le doute et la remise en question sont souvent encore présents.
Mais ça change quoi pour toutes les autres ?
Et pour les autres victimes, celles qui ne se retrouvent pas dans ce cadre stéréotypé ? Les femmes qui ont peut-être consommé un peu d’alcool, celles qui portaient une jupe, celles qui ont été prises au piège dans des circonstances où dire non était complexifié ? Ces femmes, qui représentent une grande partie des victimes, ne voient pas la honte changer de camp.
La honte reste tenace
Certaines parviennent à surmonter le jugement social. Elles trouvent la force de déclarer que la faute ne leur appartient pas, que, déjà, l’acte de coucher avec un homme ou plusieurs n’est pas en soi répréhensible. Aucun homme ne serait humilié pour son activité sexuelle, bien au contraire. Cela souligne un problème structurel profond dans notre société.
Et après ?
Ces victimes qui réalisent qu’elles ne sont pas coupables restent cependant exposées au mépris et à la méchanceté d’autrui. Non, la honte ne change pas si facilement de camp. Le jugement et la stigmatisation ne se transfèrent pas magiquement des épaules des victimes à celles de la société. Les victimes ne peuvent pas changer cette réalité seules.
Conclusion amère
Alors non, je n’arrive pas à me réjouir. Malgré quelques progrès, le changement véritable et profond est loin d’être réalisé. Pour chaque victime soutenue et reconnue, combien sont ignorées, méprisées ou, pire, blâmées ? Le chemin vers la justice et l’équité reste parsemé d’obstacles, et la honte, pour beaucoup, est encore un fardeau trop lourd à porter seule.
Je suis peut-être sombre, peut-être pessimiste ? Peut-être qu’à la suite de cet article, des avancées législatives pourraient vraiment faire évoluer les mentalités. Après tout, c’est souvent ainsi que le changement commence. Mais à l’instant T, c’est ainsi que je ressens la situation.
Parlons-en, discutons des perspectives différentes, et voyons ensemble si nous pouvons envisager un futur où la justice ne serait plus une lutte mais une norme acceptée et respectée par tous.
Ceci est mon premier article POV : écrit d’un point de vue personnel. J’aimerais savoir ce que vous en pensez : préférez-vous ce type de contenu ou les analyses plus distanciées habituelles ?
PS : ce n’est pas encore vraiment un article « Sans filtre. » – Je testerai ça un de ces jours, probablement.