J’étais au téléphone avec une personne proche qui me parle d’une personne proche à elle…
Les infos qu’on tire d’un ami d’un ami
Je sais : les infos qu’on tire d’un ami d’un ami, ça fait pas très sérieux, ça fait pas très fiable. Mais pour cette fois, ça m’a débloqué « un truc ».
Mon public principal
En fait, moi, je parle essentiellement aux personnes qui veulent s’en sortir – ou à celles qui veulent les aider.
D’abord parce que l’idée ambiante, c’est qu’on ne peut pas aider quelqu’un qui ne veut pas changer.
Mais aussi parce qu’au-delà de ne pas savoir quoi faire, qu’une personne réponde : « Mais je l’aime », c’est une situation que je ne comprends pas du tout.
Pourquoi je ne comprends pas cette situation
J’ai vécu plein de m….., mais j’ai toujours voulu en sortir, à défaut d’avoir réussi à en sortir.
À la réflexion, je réalise que ce n’est pas tout à fait vrai : je me suis parfois retrouvée à courir après des hommes qui ne voulaient pas de moi. Avec le recul, j’aimerais pouvoir effacer ça, que ça n’ait jamais existé. Mais ceci mériterait un article à part.
Une différence marquante
Cependant, quand j’étais en couple et que cela se passait mal, je ne suis jamais restée bloquée dans la case « mais je l’aime » (et donc il peut faire ce qu’il veut, sans que je cherche à l’en empêcher).
Ce qui fait que, depuis, j’ai bien vu passer des discours (odieux) sur les « victimes consentantes », mais ça ne correspond pas à mon expérience.
Une conversation marquante
Et là, au détour d’une conversation, j’entends :
« La pauvre, je ne sais pas comment elle fait… Elle s’est bien débrouillée, elle a un super appart… Mais là, depuis qu’il s’est installé chez elle, c’est une catastrophe. Il lui dit des horreurs, que c’est une bonne à rien, que… Elle a perdu beaucoup de poids, elle est toute maigre. »
(Je suis embêtée : je n’arrive pas à retranscrire l’intensité de ce qu’elle ma raconté.)
Une question qui m’a troublée
Puis, je demande : « Mais, c’est comment pour elle ? Elle veut qu’il parte ? »
Réponse : « Non ! Elle le supplie… Elle doit aimer qu’on lui parle mal. Elle était déjà dans une situation semblable. Elle avait fini par s’en sortir. Et maintenant elle est avec quelqu’un pire que le premier. »
Une réalité différente
Alors, spoiler : Non, elle n’aime pas qu’on lui parle mal. Si c’était le cas, elle ne serait pas en train de dépérir.
Cependant, il est fréquent que l’on entende des phrases comme « si elle reste, c’est qu’elle le veut bien », ce qui revient à blâmer la victime pour sa situation.
Note : Adopter ce raisonnement, c’est comme refuser d’aider les victimes de sectes sous prétexte qu’elles choisissent de rester. Pourtant, le mécanisme est exactement le même : une emprise psychologique qui fausse leur perception et limite leurs capacités à agir. Comprendre cela est essentiel pour ne pas laisser ces personnes isolées dans leur souffrance.
Pourquoi notre cerveau peut nous jouer des tours
Notre cerveau, parfois, il est un peu con. Et cela arrive même aux personnes intelligentes. Je creuserai plus tard, dans d’autres articles, ce sujet, mais l’idée, en gros, c’est qu’il met parfois en place des mécanismes qui vont nous desservir. Et ça donne, entre autres,. ce genre de résultats : des personnes qui ne vont pas se protéger, qui ne vont pas se défendre
Changer les histoires que nous nous racontons
Cependant, je pense que, collectivement, on a un coup à jouer : il faut changer nos histoires, nos mythologies, les contes qu’on se raconte. J’ai déjà prévu de travailler le côté prévention, mais je pense maintenant qu’on doit aussi pouvoir faire quelque chose pour les personnes pour qui c’est « trop tard ».
Mon souhait pour l’avenir
J’espère que j’aurai des partages. J’espère qu’on pourra se regrouper avec d’autres qui le font peut-être déjà. J’espère que d’autres le feront et que nous pourrons gagner assez de visibilité pour que les messages percent.
Une urgence culturelle
Mon idée c’est d’imprégner le collectif, pour changer les mentalités. Ce qui devrait, à minima, baisser le taux de personnes qui se laissent happer par ce piège.
Malheureusement, je crois que nous n’aurons aucun moyen de vérifier si nous avons été efficaces ou pas.
La seule chose que nous pourrons constater c’est si notre message porte, se déploie dans l’espace culturo-médiatique.
Un problème culturel persistant
Actuellement, ce qui se déploie, c’est la « dark romance » ; et c’est un poison pour l’esprit.
Pourquoi la « dark romance » peut poser problème
Pour les personnes bien entourées, bien « éduquées », (au sens, à qui on a appris les bases d’une relation saine et qui a pu l’intégrer), j’imagine que c’est ok. Mais pour les autres, ça risque de provoquer ou de participer à créer des dysfonctionnements.
Ce n’est pas un souci en soi, la dark romance, (ou peut-être que si ?) : c’est de la lecture… La propagande aussi, ça peut être de la lecture. Et donc ça demande un accompagnement, de l’éducation que beaucoup n’auront pas malheureusement.
Mon espoir : populariser l’antidote
Je souhaite donc que nous réussissions à populariser l’antidote. 🙂
Une technique de manipulation bien connue
Ah, et donc, elle me racontait aussi : « Mais il est pas méchant tout le temps, parfois il est gentil aussi. »
…ça pour le coup, je connais !
C’est la base des techniques de manipulations, le chaud et le froid qui créent l’emprise, parce que la victime espère que ça va s’arranger, que ça ira mieux, que peut-être, si elle fait plus d’efforts…
Mais ça ne marche pas.
Je n’ai pas encore écrit d’article spécifiquement sur le chaud et le froid, mais j’en ai un sur Les dangers de la tolérance excessive dans les relations
Ce qui marche selon mon expérience
Ce qui marche le mieux, selon mon expérience, c’est :
- De ne pas accepter la maltraitance ; mais il peut parfois être difficile de faire respecter ses limites.
- De ne pas essayer de satisfaire leurs exigences. C’est contre-intuitif, mais par un mécanisme que je ne m’explique pas pour l’instant, ça améliore les situations. On retrouve ces mêmes mécanismes si vous essayez d’expliquer à une personne jalouse maladive que vous ne la trompez pas, ou si vous laissez une personne qui a des tocs « empiéter sur votre territoire » : le problème grandit. Alors que si vous ne jouez pas leur jeu, c’est plus simple de les contenir.
Un problème enraciné dans la culture
Pour revenir à la question du problème culturel, il faut se rappeler que nous revenons de loin.
Des exemples culturels marquants
Dans la culture, c’était normal, naturel, on n’y pouvait rien. Les femmes ont été éduquées à croire ça.
Par exemples, la chanson Mistinguett « Mon homme ». J’ai d’ailleurs pu aimer ce genre de textes… Maintenant, même si ça reste fascinant pour moi… Je sais que de la même façon que certaines personnes peuvent prendre leur pied dans le Terror Dalton (j’ai la nausée rien qu’en regardant quand ça monte, dans la vidéo) ce n’est pas pour autant qu’elles vont apprécier de faire une chute libre sans parachute. 🙂
Ben avec les chanson, c’est pareil
ou bien, dans Le salaire de la peur, et quand il revient, elle y retourne. Et à l’époque, ça ne choque personne : une femme se comporte comme ça avec son homme (En vrai, Mistinguet dans sa chanson dit à la fin, qu’il faut pardonner la femme quand cela arrive… Ce qui semble dire que, qu’en fait, ça choquait quand même… Cependant, ce n’est pas le comportement de la personne violente qui choque, c’est celui de la victime. Encore et toujours. – Et elle dit que c’est comme ça qu’on se comporte quand on aime, sinon on a pas vraiment aimé.)
Et même si ça a évolué, il y a des restes.
Plus récent « Noir Désir – L’Appartement », montre bien la complexité d’aimer qui ne nous aime pas… Mais là, c’est juste un amour sans retour. C’est différent d’une personne dans votre vie qui vous maltraite.
Et donc, je pense vraiment que si on change le contexte culturel, si on change le discours ambiant, si on change les croyances, on peut aider beaucoup, beaucoup, beaucoup de personnes.
Ok : ce n’est que mon opinion… Il doit bien être possible de trouver des sources scientifiques pour appuyer mon propos (ou pour l’infirmer, mais ça m’étonnerait : on connait déjà les principes de résiliences, cela doit être du même tonneau. 🙂 )
Une réalité qu’il faut changer
Pour revenir à mon sujet, on peut trouver romantique les « Je t’aime à en mourir »… Mais quand une personne se retrouve coincée dans ce mode de pensée au quotidien, avec une personne toxique, c’est dramatique.
Et il faut le dire, le montrer, le répéter, expliquer qu’on peut faire autrement, etc…
Pas faire comme si c’était normal. Comme si « C’est ça l’amour. ».
Non ! Ce n’est pas ça l’amour !
Mon message final
Il faut le dire, le montrer, le répéter :
Ça n’a rien de romantique ! Personne ne doit vous traiter ainsi, vous méritez mieux.
Et ce doit être le message que nous devons collectivement faire passer. Parce qu’il y a des personnes pour qui, quelle qu’en soit la raison, ce n’est pas évident.
Qu’en pensez-vous ?
Il faut le dire, le montrer, le répéter :
Ça n’a rien de romantique ! Personne ne doit vous traiter ainsi, vous méritez mieux.
Et ce doit être le message que nous devons collectivement faire passer.
Ce sujet est vaste et essentiel pour mieux comprendre les dynamiques toxiques et les moyens de s’en sortir. Vous aussi, avez-vous remarqué des messages toxiques dans les médias ou la culture populaire ? Pensez-vous que notre culture joue encore un rôle dans ces comportements ?
Si certains passages de cet article vous semblent peu clairs ou si vous souhaitez approfondir un point, n’hésitez pas à me le faire savoir en commentaire. Vos retours m’aident à m’améliorer et à mieux répondre à vos attentes.
Si vous avez des observations, des exemples ou des idées sur comment faire passer ce message d’une manière plus percutante, n’hésitez pas à les partager en commentaires. J’ai hâte de lire vos réflexions ! 😊