Ce témoignage sur l’emprise psychologique d’Annie Marleau met en lumière, avec une sincérité poignante, la réalité des relations toxiques. Elle raconte comment une relation qui semblait bienveillante au départ s’est progressivement transformée en un engrenage de manipulation, de contrôle et de violences psychologiques.
Pour mieux structurer cet article et faciliter la lecture, j’ai ajouté cette introduction ainsi que la partie « Témoignage emprise psychologique : reconnaître une relation toxique », qui analyse les mécanismes de l’emprise à partir de ce récit. J’ai également intégré des sous-titres pour mettre en avant les étapes de cette descente aux enfers et en révéler les dynamiques.
À travers ses mots, Annie Marleau décrit avec précision le processus insidieux qui l’a enfermée dans une spirale destructrice, l’isolement et la perte d’identité. Son récit met en lumière la réalité de nombreuses victimes de violences conjugales, souvent invisibles aux yeux du monde extérieur.
Son histoire est un cri du cœur, un témoignage puissant qui permet de mieux comprendre les mécanismes de l’emprise et les ravages qu’elle peut causer.

Briser le silence : le témoignage d’Annie sur l’emprise psychologique
Voici mon histoire :
Lorsque je l’ai rencontré, il m’a paru charmant et serviable. Lorsque j’ai eu des difficultés financières suite à la perte de mon emploi, il m’a invitée à venir vivre chez lui, et je n’avais qu’à m’occuper de l’entretien de la maison.
Le contrôle insidieux s’installe
Mais plus le temps passait, plus il devenait contrôlant et menaçant. Il m’envoyait des textos continuellement pour savoir ce que je faisais, même s’il avait installé des caméras dans presque toutes les pièces de la maison.
Si je ne faisais rien, il m’ordonnait de faire plus de tâches ménagères. Si ce n’était pas à son goût, c’était la crise. Il y avait des jours où je n’avais pas le temps de prendre une douche.

L’isolement progressif
Au début, il s’agissait de reproches sans importance, souvent passagers. Il n’aimait pas telle ou telle robe, tel ou tel repas. Ensuite, les reproches devinrent de plus en plus fréquents et de plus en plus contrôlants.
Il mettait tout en œuvre pour m’isoler de ma famille et de mes amis. Il refusait de passer du temps avec eux, et si je manifestais le besoin de les voir, il utilisait le chantage affectif pour tenter de m’en empêcher.
La perte de confiance et l’emprise psychologique
Au bout d’un certain temps, son comportement prit de plus en plus d’ampleur, et j’ai fini par douter de moi-même. J’ai perdu ma confiance en moi, j’étais dépendante de lui.
Il transformait le moindre détail en prétexte pour amorcer un conflit. J’étais arrivée à normaliser, à banaliser et même à excuser ses gestes. Je priais pour qu’il soit de bonne humeur chaque matin lorsque je me levais.
La violence verbale et psychologique
Trois années de manipulation, pendant laquelle je me suis éloignée tranquillement de mes amis et de ma famille, que mon conjoint n’aimait pas.
Il me maltraitait régulièrement, me traitant de « crisse de folle », me lançant des objets et me poussant au cours des disputes.
Il me faisait croire que je ne pourrais pas survivre sans lui, que je ne trouverais jamais quelqu’un de mieux, que je n’étais rien. Il contrôlait tout !
J’ai enfoui les mots, les cris, la manipulation tordue et sordide, les insultes, les menaces, la méchanceté inimaginable, l’intolérance, l’impatience et encore les cris, les conflits qui dégénéraient pendant des heures et des jours pour des banalités.
L’épuisement et l’isolement total
Il voyait toujours un double sens qui n’existait pas ! « Il doit sûrement avoir raison, mes raisonnements ne sont jamais bons, c’est moi le problème ! »
Son image de « bon gars », super méga intelligent, il disait « pis j’ai de la mémoire, moi, madame, pis tout le monde me dit que je suis fin ».
Combien de fois, sur la route avec lui, ai-je pleuré de toute mon âme, et lui s’en est nourri ! Combien de fois ai-je agrippé la poignée de la porte de la voiture avec la ferme intention de me jeter en bas de la voiture!
Combien de fois ai-je voulu sortir dehors et hurler comme un loup tout le désespoir immense que je ressentais d’être dans une relation empoisonnée et toxique comme celle-là ! Et surtout, de ne plus avoir ni la force ni l’énergie pour en sortir ! Ni pour en parler !
J’étais en état de survie ! Tout le temps !

La honte et l’impossibilité de parler
Allez, gardez le sourire, madame Annie, il ne faut surtout pas que quelqu’un le sache ! De toute façon, personne ne me croirait.
Ah, oui, j’ai voulu arrêter de souffrir… Non ! Je ne peux pas abandonner mes enfants, ma famille ! Même s’il avait presque réussi à éloigner tout le monde autour de moi…
« Je vous le dis ! Elle est complètement folle ! » Et moi, honteuse… à ne pas pouvoir dire à personne tout ce que je vivais ! Tout ce que je subissais !
Je doute de tout, j’ai peur de tout,…je ne vous parle même pas de mon degré d’estime personnelle, ni des crises d’angoisse invalidantes… J’entends une voix qui s’élève, quelqu’un qui parle fort et tout de suite je me mets à ressentir de la peur…
Un contrôle absolu sur ma vie
Mais surtout, je n’ai plus confiance ni en moi ni en qui que ce soit ! Moi, pour qui la confiance était mon seul guide !
Moi, j’ai vécu et j’ai subi de la violence verbale et psychologique d’une intensité inouïe, de la violence verbale, des menaces, des cris, de la peur, j’ai pleuré chaque foutu jour, des nuits en état d’hyper-vigilance, à côté de quelqu’un qui m’avait pourtant promis que plus personne ne me ferait du mal !
Je me souviens aussi qu’il m’avait dit en souriant : « T’auras jamais connu quelqu’un comme moi ! » Il me donnait l’impression que je faisais toujours tout de travers. Rien n’était jamais assez bon à ses yeux.
L’humiliation et la dévalorisation constantes
« Que je ne l’appuyais pas suffisamment et que je ne l’aimais pas assez. » Il n’aimait pas ma façon de cuisiner, de nettoyer, de m’habiller et mon comportement en public. Il ne m’a jamais offert d’encouragement. Même ses compliments étaient à double sens.
Lorsque que je lui confiais mes insécurités, il me traitait de bébé et me disait qu’il est temps que je devienne adulte et que j’ai les pieds sur terre. Il me traitait de noms comme « salope », « imbécile », « connasse », « chienne », etc.
Une prison invisible
Il reprenait continuellement ce que je disais ou ce que je faisais ; il était le seul à faire les choses correctement. Si j’étais en retard de 5 minutes, j’avais peur qu’il se mette en colère.
Il s’attendait à ce que je devine ses quatre volontés, et il était furieux quand je n’y arrivais pas ou que je refusais de le faire. Je ne savais jamais ce qui déclencherait sa colère.
Il faisait la grève du silence, et je devais arriver à comprendre ce que j’avais fait de mal et m’en excuser ! Quand il arrivait du travail de mauvaise humeur, je devais travailler très fort pour lui relever le moral, pour ne pas avoir une mauvaise soirée.

La surveillance et la jalousie
Il ne voulait pas que je sorte de la maison sans lui, parce qu’il devait s’inquiéter trop à mon sujet. Il était jaloux quand je parlais à la caissière à l’épicerie, au gars du dépanneur, si je regardais trop longuement un homme sur le trottoir qui marchait, etc.
Il me téléphonait par FaceTime au moins 10 fois par jour quand il n’était pas à la maison. Il faisait toutes les courses pour m’éviter de sortir et pour m’empêcher de sortir de la maison.
Il me disait que je n’avais pas besoin d’emploi, que je vivais bien présentement, qu’il m’offrait tout ce que je voulais. Il choisissait mes vêtements, pour que je ne sois pas trop décolletée ou trop serrée.
Je ne pouvais pas mettre de maillot de bain, ou si je le faisais, je devais « taper » (avec du ruban gommé) mes mamelons pour qu’on ne les voie pas. Si j’avais un rendez-vous chez le médecin ou pour l’école de ma fille, il devait venir me reconduire et revenir me chercher. (Même si j’avais ma propre voiture).
Il se comportait de façon très cruelle et disait ensuite que j’étais trop sensible et que je n’avais pas le sens de l’humour.
L’annihilation de mon identité
Il me promettait des choses et ne tenait jamais ses promesses, puisqu’il disait qu’il n’avait jamais promis de tel.
Quand je le confrontais pour un sujet, il m’accusait d’exagérer ou d’inventer cette histoire de toutes pièces. Il me disait que j’avais besoin de voir un psy, lui au contraire, se disait parfaitement normal.
Il me disait que je passais mon temps à imaginer des problèmes. Il me frappait ou me poussait et plus tard me demandait comment j’avais fait mal. Il me faisait pleurer et me traitait ensuite d’hystérique. Il me demandait pourquoi je m’attristais si facilement.
Lorsque j’essayais d’engager une conversation sérieuse avec lui, il me disait : « Bon, voilà que tu recommences, calme-toi, voyons, parle moins fort, tout le monde va connaître toutes nos chicanes. »
Il me traitait comme si je m’emportais, alors que ce n’était pas le cas. Il s’attendait à ce que je mette mes occupations de côté à tout moment où il désirait mon attention, mais il ne me rendait jamais l’appareil.
Il me disait que je ne lui consacrais pas assez de temps ou que je n’avais jamais assez d’énergie pour lui, que je me préoccupais plus de ma fille que de lui.
Une communication impossible
Lorsque j’essayais de parler, il m’interrompait constamment, déformait mes paroles et oubliait ce que je venais de lui dire. Il devait toujours avoir le dernier mot.
Si je mentionnais une décision qu’il avait prise sans me consulter, il me demandait pourquoi je persistais à revenir sur une question déjà tranchée.
Un contrôle total sur ma vie
Il exigeait mon mot de passe pour contrôler mon compte bancaire, mon téléphone, etc., sinon il s’imaginait que j’avais quelque chose à cacher. Je devais rendre compte de chaque sous que je dépensais.
Il me disait qu’avec tout ce qu’il faisait pour moi, je devais démontrer plus d’appréciation envers lui.
Il disait qu’avant moi, il ne se mettait jamais en colère et que c’est ma faute que j’ai un mauvais caractère, une tête dure et qu’aucune autre de ses ex ne lui tenait tête comme moi. Qu’il avait un caractère de merde !
Il me disait qu’il m’inviterait plus souvent à des sorties si je n’étais pas aussi stupide et que mon choix vestimentaire avait l’air moins salope !
La surveillance et l’obsession du contrôle
Si je sortais avec sa permission, quand je revenais à la maison, il me faisait passer un interrogatoire pour savoir toutes les places où j’étais allée et à quelle heure, etc. (J’ai découvert également qu’il avait mis un GPS sur ma voiture sans que je le sache).
Et en plus, quand je sortais, je devais lui envoyer les photos des endroits où j’étais allée et si je quittais l’endroit, je devais l’appeler pour lui dire où j’allais ensuite.
Si je passais du temps à parler avec la caissière ou une autre femme, il m’accusait d’être lesbienne.

L’intimidation et la peur constante
Lorsqu’il était en colère, il me faisait peur en se tenant debout près de moi, les poings serrés. Il lançait et fracassait des objets dans la maison.
Il racontait des blagues vulgaires que je trouvais dégradantes pour moi et les femmes en général.
À chaque fois qu’il voyait une femme en voiture, au dépanneur, il disait : « Check la salope, la chienne, la connasse, la putain… »
Il a quasiment détruit mon individualité. Je n’existais plus, je ne savais plus ce que j’aimais manger, ce que j’aimais porter. J’en suis venue à changer mes comportements pour éviter les représailles et les crises.
J’étais en prison, mais personne ne voyait la cage !!
Témoignage emprise psychologique : reconnaître une relation toxique
Le témoignage d’Annie Marleau met en lumière les mécanismes insidieux qui peuvent transformer une relation en véritable emprise psychologique. À travers son histoire, on peut identifier plusieurs dynamiques toxiques qui se retrouvent souvent dans ce type de relation.
Un début séduisant, mais un piège qui se referme
« Lorsque je l’ai rencontré, il m’a paru charmant et serviable. »
Les relations toxiques ne commencent jamais par la violence. Au contraire, le partenaire toxique se montre souvent attentionné et protecteur au départ. Cela crée un attachement fort, qui rend ensuite la prise de conscience plus difficile lorsque les premiers signes de contrôle apparaissent.
L’isolement progressif
« Il mettait tout en œuvre pour m’isoler de ma famille et de mes amis. »
Peu à peu, le manipulateur éloigne sa victime de son entourage, en la poussant à couper les liens ou en instaurant un climat de tension autour de ces relations. L’isolement renforce la dépendance et empêche la victime d’avoir des repères extérieurs.
Le contrôle sous couvert de « protection »
« Il m’envoyait des textos continuellement pour savoir ce que je faisais, même s’il avait installé des caméras dans presque toutes les pièces de la maison. »
Sous prétexte d’amour ou de préoccupation, le contrôle s’installe. Vérifications constantes, surveillance, interdictions déguisées en « préoccupations »… Tout est mis en place pour limiter l’autonomie de la victime.
La dévalorisation et le doute constant
« Il me faisait croire que je ne pourrais pas survivre sans lui, que je ne trouverais jamais quelqu’un de mieux, que je n’étais rien. »
Le manipulateur cherche à briser l’estime de soi de sa victime en lui répétant qu’elle est incompétente, qu’elle exagère ou qu’elle est responsable des problèmes. Ce processus, appelé gaslighting, pousse la victime à douter de sa propre perception et à rester dans la relation, pensant qu’elle est en faute.
Cliquez ici pour trouver mes articles complets sur le gaslighting
L’escalade de la violence
« Il me maltraitait régulièrement, me traitant de ‘crisse de folle’, me lançant des objets et me poussant au cours des disputes. »
Les violences psychologiques précèdent souvent les violences physiques. Le contrôle s’accompagne de cris, d’insultes, puis d’agressions physiques banalisées par l’agresseur, qui minimise ou reporte la faute sur la victime.

La peur et l’impuissance apprise
« J’étais en état de survie ! Tout le temps ! »
Face aux menaces et aux humiliations répétées, la victime finit par s’adapter et se conformer aux attentes du manipulateur pour éviter les crises. Ce phénomène, appelé impuissance apprise, enferme dans un cercle vicieux où toute tentative de révolte semble vaine.
La prison invisible
« J’étais en prison, mais personne ne voyait la cage !! »
L’un des aspects les plus pernicieux des relations toxiques est leur invisibilité. Vu de l’extérieur, tout semble normal. Les victimes elles-mêmes ont souvent du mal à identifier ce qu’elles subissent tant la manipulation est progressive.
Témoignage emprise psychologique : se libérer et retrouver l’espoir
Le témoignage d’Annie Marleau met en lumière la réalité des relations toxiques et de l’emprise psychologique. Ce récit, aussi bouleversant que nécessaire, rappelle combien il est difficile de prendre conscience de la manipulation et encore plus de s’en libérer.
Si vous vous reconnaissez dans cette histoire ou si vous connaissez quelqu’un qui vit une situation similaire, sachez que vous n’êtes pas seul(e). Il existe des ressources, des espaces d’échange et des personnes prêtes à écouter et à aider.
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📌 Les Pervers Narcissiques – textes et psychologie
Dans ce groupe, vous trouverez des partages d’expériences, des analyses et du soutien pour mieux comprendre et surmonter l’emprise psychologique.
Témoigner, s’informer et se soutenir mutuellement sont des étapes essentielles pour reprendre le contrôle de sa vie. Mettre des mots sur ce que l’on vit, c’est déjà un premier pas vers la liberté.
Vous méritez une relation saine, respectueuse et bienveillante.
