
Tu as pris ta décision : tu ne veux plus rester dans cette relation.
Tu veux sortir de là. Tu veux reprendre ta vie en main.
Peut-être que tu veux partir. Peut-être que tu veux le faire partir. Dans tous les cas, tu veux agir. Pas dans six mois. Pas quand tu auras tout “bien préparé”. Maintenant.
Mais même quand on est prête, il y a parfois un mur :
• Est-ce que j’ai le droit de faire ça ?
• Et si je n’ai pas les moyens ?
• Et si je me plante et qu’il se retourne contre moi ?
• Et je commence par quoi, en fait ?
Ce guide est là pour ça. Pour t’aider à passer à l’action, étape par étape. Même si tu n’as pas d’argent. Même si tu n’as pas de preuve. Même si tu ne sais pas encore comment tu vas t’en sortir après.
On va poser un plan clair. Un plan à adapter à ta situation. Un plan pour reprendre ton pouvoir, pas à pas.
Ce qui t’empêche d’avancer (et comment l’écarter)
Tu veux agir, mais quelque chose te freine. Ce n’est pas que tu hésites. Tu sais que tu veux sortir de cette relation.
Mais tu as peut-être entendu des phrases comme :
• « Tu ne peux pas le mettre dehors, c’est aussi chez lui. »
• « Sans preuve, tu n’iras nulle part. »
• « Il peut se retourner contre toi. »
• « Il n’y a rien à faire si ce n’est pas physique. »
• « C’est compliqué, mieux vaut attendre. »
Ces phrases te coupent les jambes. Et parfois, elles viennent même… d’un professionnel. D’un avocat. D’un travailleur social. Ou de quelqu’un qui croit bien faire.
🔸 On va remettre les choses au clair.
Tu as le droit de te protéger. Tu as le droit de partir. Tu as le droit de refuser de continuer à subir.
Et tu as aussi le droit de ne pas savoir tout de suite comment tu vas t’en sortir. Ça n’empêche pas de poser les premiers gestes.

🎯 Ce que tu n’as pas besoin d’avoir pour commencer :
• Pas besoin d’avoir tout préparé
• Pas besoin d’avoir de l’argent
• Pas besoin d’avoir des preuves béton
• Pas besoin d’attendre qu’il y ait un coup physique
Tu as juste besoin de poser une première action adaptée à ta situation.
🧭 Et maintenant ?
Dans la suite, tu vas trouver deux parcours possibles :
- Ce que tu peux faire si tu veux partir
- Ce que tu peux faire si tu veux le faire partir
Et si tu ne sais pas encore dans quel cas tu es exactement ? Pas grave. Tu peux lire les deux et avancer selon ce qui te parle le plus.
À savoir absolument : parfois, tu tomberas sur les mauvaises personnes
Tu peux vouloir te défendre, chercher de l’aide, faire les choses dans les règles…
Et tomber sur quelqu’un qui t’enfonce encore plus.
Ça arrive. Trop souvent.
• Un avocat qui te dit que tu n’as pas le droit de partir — sans te dire non plus ce que tu peux faire.
• Un assistant social qui te demande si tu ne peux pas retourner chez tes parents — comme si ça résolvait tout.
Parfois, ce n’est même pas une bonne solution. Et surtout : il ne te propose rien d’autre. Tu ressors avec une question en plus, pas une aide en plus.
• Un assistant social qui te décrit le foyer comme un cauchemar — alors que tu vis déjà l’enfer chez toi.
• Un policier qui te répond que “le harcèlement dans le couple, ce n’est pas prévu par la loi” — comme si ne pas le nommer suffisait à le nier.
• Des professionnels qui te font comprendre que ce n’est “pas si grave”.
• Ou pire : quelqu’un qui te ment et t’empêche d’agir pour toi-même.

💬 Je l’ai vécu
Quand j’ai voulu porter plainte pour harcèlement, la police m’a répondu que “ça n’existe pas dans un couple”.
Ils ont simplement refusé ma demande.
Une autre fois, on m’a dit d’aller voir un médecin — mais sans m’expliquer pourquoi, ni en quoi ça pouvait m’aider.
Je ne savais pas qu’un médecin pouvait attester du harcèlement, pas seulement de coups.
Je n’y suis pas allée.
J’ai cru que ça ne servirait à rien.
Parce que tout ce que j’avais tenté jusque-là n’avait rien donné.
J’avais fait des démarches qui auraient dû aider.
Mais à chaque fois, ça échouait, ou on me renvoyait ailleurs.
Alors, je suis passée à côté du seul truc qui aurait, peut-être, pu avoir un effet.
Mais je n’en savais rien.
J’étais prise dans l’impuissance apprise.
Quand je suis, enfin, partie mon avocat m’a affirmé que je n’avais pas le droit de partir.
C’était juridiquement vrai.
Mais personne ne m’a expliqué ce que je pouvais faire d’autre.
Le père de mes enfants, lui, n’avait pas le droit d’agir comme il le faisait — et en réalité, il aurait eu du mal à se retourner contre moi sans que ça se retourne aussi contre lui.
Mais ça, on ne me l’a pas dit.
À la place, on m’a laissée croire que c’était moi qui risquais gros.
Et pire encore : cet avocat m’a interdit de venir à l’audience.
Il m’a dit :
« Je ne veux pas vous voir au tribunal. Je suis là pour vous représenter. »
Je l’ai cru.
Mais j’avais l’obligation d’y aller.
Il ne voulait pas me représenter.
Il m’a empêchée de me défendre. Il m’a fait taire.
Bien avant ça, une assistante sociale m’a vait demandé :
« Vous n’avez pas de famille ? »
Je cherchais une solution pour me séparer.
Pas un canapé où dormir.
Mais sa réponse donnait l’impression que si je n’avais pas de plan B personnel, il n’y avait rien à faire.
Plus tard, un autre assistant social à qui je demandais une place en foyer pour mes enfants et moi m’a dit :
« En foyer, vous serez avec des alcooliques. »
Et alors que j’étais en larmes dans son bureau,
il a qualifié ma situation d’enfantillages.
Je n’ai pas oublié.
À chaque fois, je ressortais plus seule, plus vidée, plus loin d’une solution.
Et surtout : je ne voyais plus d’issue.
Tu ne sais plus quoi faire. Tu te dis peut-être que tu t’es trompée, que tu aurais dû te taire, que tu n’aurais pas dû espérer.
Mais non. Ce n’est pas toi le problème.
👉 Ce sont des personnes qui n’ont pas fait leur travail.
👉 Ce sont des institutions qui ne protègent pas toujours, ou pas à temps.
👉 Et ton rôle à toi, ce n’est pas de tout savoir. C’est juste de continuer à chercher.
🔥 Ce n’est pas ta faute. Mais c’est important de le savoir.
• Pour ne pas croire que c’est toi qui es “trop” ou “pas assez”
• Pour ne pas croire que c’est fichu
• Pour ne pas croire que c’est pareil partout
• Pour savoir que tu as le droit d’insister, de changer d’interlocuteur, de demander ailleurs
Tu n’as pas raté.
Tu n’as pas échoué.
Tu n’es juste pas encore tombée sur les bonnes personnes.
Parfois, il faut frapper à cinq, dix, quinze portes.
C’est injuste. C’est épuisant.
Mais ce n’est pas impossible.
Et tu peux y arriver.

Tu veux partir
Tu as décidé : tu veux partir.
Quitter l’endroit où vous vivez ensemble.
Rompre la cohabitation.
Prendre tes affaires et t’en aller, pour te reconstruire ailleurs.
Peut-être que tu vis chez lui, ou que le logement est à son nom.
Peut-être que vous êtes en location à deux, mais que tu ne veux plus vivre dans cette tension.
Ou peut-être que c’est chez toi, mais que tu n’en peux plus de cette présence, de cette pression, de cette emprise.
Peut-être aussi que tu ne te sens pas capable de mener un combat juridique maintenant, et partir te semble le chemin le plus rapide pour souffler, te protéger, te retrouver.
Mais partir ne veut pas dire fuir n’importe comment.
Ce que tu cherches, c’est partir en sécurité, et reprendre le contrôle, même si tu n’as pas beaucoup de moyens.
🧱 Ce qui bloque souvent :
• Tu n’as nulle part où aller
• Tu n’as pas d’argent de côté
• Tu crains qu’il te poursuive ou te harcèle
• Tu as peur de ce qu’il pourrait dire ou faire
• Tu n’as personne à qui te confier
Rien de tout ça ne veut dire que tu dois rester.
🔑 Ce que tu peux faire maintenant :
1. Te renseigner sans alerter
• Parle à une assistante sociale (via la mairie, la CAF, la maison de la famille)
• Renseigne-toi auprès d’une association de défense des femmes (accueil, hébergement, infos juridiques)
• Appelle une ligne d’écoute anonyme (comme le 3919 ou une association locale)
⚠️ À retenir :
Ne t’arrête pas à une seule personne.
Si on ne t’écoute pas, si on te décourage, si on banalise ce que tu vis — va voir quelqu’un d’autre.
Il faut parfois frapper à plusieurs portes avant de trouver la bonne.
2. Sécuriser tes papiers et ton téléphone
• Prends en photo ou scanne tes documents importants (pièce d’identité, carte vitale, justificatifs)
• Envoie-les à une adresse email à laquelle il n’a pas accès
• Supprime l’historique si tu fais des recherches sensibles
• Change ton mot de passe ou crée une adresse de secours
Tu peux aussi préparer un petit sac discret (documents, carte bancaire, clés, médocs).
3. Préparer ton départ en plusieurs temps
Tu peux :
• Rechercher un hébergement temporaire (chez une amie, foyer, réseau associatif)
• Commencer à mettre de côté un peu d’argent, même peu
• Lister ce que tu veux emporter et le stocker ailleurs si possible
• Trouver un lieu neutre pour réfléchir sans pression (espace de coworking gratuit, lieu d’accueil social, etc.)
4. Ne pas prévenir trop tôt
Si tu sens qu’il peut te manipuler, te menacer ou se montrer violent, ne lui dis rien avant d’être prête. Tu n’as pas à justifier ton départ. Tu n’as pas besoin de son accord.
📌 Important :
Tu n’es pas obligée de “tout réussir” d’un coup. Tu peux partir en plusieurs fois, ou commencer par te créer une marge de respiration.
Partir, ça peut aussi vouloir dire : reprendre un espace à toi, même petit, même temporaire.

Tu veux le faire partir
Tu ne veux pas fuir.
Tu ne veux pas disparaître, partir en courant, tout laisser.
Tu veux rester chez toi. Garder ton espace. Garder tes repères.
Et c’est lui que tu veux faire partir.
Peut-être que le logement est à ton nom, ou que tu y vis avec les enfants.
Peut-être que c’est un logement commun, mais que tu sais que partir t’exposerait davantage.
Ou simplement que tu refuses de devoir fuir ce que tu as construit, juste parce que lui dépasse les limites.
Et tu as raison.
C’est légitime.
Et dans certains cas, c’est possible.
Mais attention : ce chemin est souvent plus lent, plus stratégique, et il demande plus de protection dès le début.
Parce que tu restes sur place, et lui aussi… tant qu’il n’est pas parti.

🧱 Ce qui bloque souvent :
• Vous avez un bail ou une maison à deux noms
• Il est officiellement domicilié chez toi, ou inversement
• Tu n’as pas de preuve de violence ou de mise en danger
• Tu as peur qu’il s’en prenne à toi si tu essaies de le faire partir
• Tu entends partout que “tu ne peux rien faire s’il n’a pas levé la main”
🔑 Ce que tu peux faire maintenant :
1. Évaluer la situation juridique
Même s’il est domicilié chez toi, il n’a pas tous les droits.
Et même si vous êtes tous les deux sur le bail, il existe des options.
Commence par te renseigner :
• Auprès d’un avocat gratuit (consultation juridique en mairie ou maison de justice)
• Auprès d’une assistante sociale qui connaît bien les questions d’emprise ou de cohabitation forcée
• Ou auprès d’une association spécialisée dans les violences faites aux femmes
Demande clairement :
« Est-ce que je peux engager une procédure pour qu’il parte ? »
« Est-ce que je peux récupérer seule le logement ? »
« Est-ce qu’il y a des démarches à faire même sans violence physique ? »
2. Ne fais pas la guerre directe : prépare-toi
Tu ne peux peut-être pas le faire partir maintenant, mais tu peux :
• Rassembler des preuves (écrits, enregistrements, témoignages)
• Sécuriser tes documents et tes comptes
• Noter ses comportements, ses menaces, ses absences
• Éviter les confrontations frontales tant que tu n’as pas de recours clair
• Informer discrètement une personne de confiance de la situation
Même s’il reste là pour l’instant, tu prépares le terrain pour le jour où tu pourras agir.
3. Si tu te sens en danger immédiat : signale-le
Même sans coups, tu as le droit de :
• Porter plainte pour violence psychologique
• Demander une ordonnance de protection
• Signaler une cohabitation dangereuse ou une emprise reconnue
Et même si tu n’es pas sûre d’avoir assez, fais le premier pas.
Parce que s’il se passe quelque chose ensuite, ta parole comptera davantage si tu as déjà signalé.
4. Tu as le droit de rester chez toi
Si tu es propriétaire ou locataire officielle,
si tu as des enfants à charge,
ou si c’est ton seul logement :
👉 Tu n’as pas à partir “par défaut”.
Même si on te dit que “c’est plus simple”.
Même si on te pousse à céder.
Tu as le droit de vouloir te réapproprier ton espace,
et c’est lui qui doit partir.

🧱 Petite mise au point
Un jour, une connaissance m’a dit, très calmement :
« C’est toi qui veux la séparation. C’est à toi de partir. »
On louait ensemble à ce moment-là.
Mais avant ça, il avait refusé de partir de chez moi, quand c’était mon logement.
Et si je voulais la séparation, c’était parce qu’il me pourrissait la vie.
Facile à dire pour elle.
Elle avait un enfant, une relation avec le père,
mais il ne vivait pas chez elle.
Elle n’avait pas à gérer l’emprise au quotidien.
Pas à se protéger dans son propre espace.
Elle ne vivait pas ce que je vivais.
👉 Tu n’as pas à partir “parce que c’est toi qui en as marre”.
👉 Tu as le droit de dire stop, et de rester chez toi.
📌 À savoir : depuis 2014, la loi a évolué
Je n’ai pas creusé ce sujet en profondeur.
J’ai appris certaines choses récemment — il y a environ un an.
Avant ça, je ne savais même pas qu’une ordonnance de protection pouvait être demandée sans dépôt de plainte, ou que la loi reconnaissait le harcèlement moral dans le couple.
Moi, je suis partie en 2010.
Et après ça, j’ai traversé une sorte de trou noir.
Pour plein de raisons — pratiques, psychiques, sociales.
Une sorte de flottement où tu avances sans soutien, sans comprendre ce qui t’arrive vraiment.
Un entre-deux où tu fais ce que tu peux, mais tu n’as pas les repères pour te reconstruire.
Ça a duré longtemps.
Cinq ans ? Dix ? Je ne saurais même pas dire.
Et aujourd’hui encore, il y a des conséquences indirectes.
Dans ma santé, dans mes choix, dans mes blocages.
Mais aussi dans la vie de mes enfants, dans ma famille, dans tout ce que cette période a abîmé —
et donc, forcément, dans ma vie à moi.
Ce n’est pas fini.
Mais j’avance.
Alors si tu vis quelque chose de similaire aujourd’hui, je veux que tu saches ça :
Depuis 2014, la loi a un peu bougé.
Ce n’est pas parfait. Ce n’est pas partout pareil.
Mais tu peux avoir des recours. Tu peux être protégée.
Surtout si tu trouves les bonnes personnes.
Ce n’est pas toi, c’est le chemin.
Tu veux partir.
Ou tu veux le faire partir.
Dans tous les cas, tu veux que ça s’arrête.
Ce guide ne te donne pas des réponses toutes faites.
Il te donne un point de départ.
Un plan que tu peux adapter à ta situation.
Et surtout, une idée à garder en tête :
👉 Tu n’es pas folle. Tu n’inventes pas. Tu n’exagères pas.
Ce que tu vis est réel.
Et tu as le droit d’agir, même si on te fait croire que tu ne peux pas.
Même si certaines personnes ne t’aident pas.
Même si tu dois t’y reprendre plusieurs fois.
Ce n’est pas toi le problème.
Et ce n’est pas à toi de tout encaisser.
Tu as le droit de chercher, de demander, d’insister.
Tu as le droit de ne pas lâcher.
Et oui, tu risques d’avoir des obstacles.
Des refus. Des portes fermées. Des réponses absurdes.
Mais ce n’est pas toi le problème.
Et ce n’est pas un signe que tu devrais arrêter.

👉 C’est comme ça que ça se passe pour beaucoup de femmes.
👉 Ce n’est pas juste, mais c’est courant.
L’essentiel, c’est de continuer.
Chercher encore. T’entourer mieux. Demander autrement.
Même fatiguée. Même sans tout comprendre.
Parce que tu avances, même quand tu crois que tu stagnes.
Et non, tu n’es pas seule.
Pas dans ce que tu vis.
Pas dans ce que tu ressens.
Pas dans ce que tu décides.
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Parce que beaucoup trop de femmes vivent ça sans savoir qu’il existe un chemin.
Et que personne ne devrait traverser ça seule.