Quitter un pervers narcissique n’est pas seulement une question de volonté. En effet, même quand tout te dit que tu devrais partir, quelque chose te retient.
Pourquoi ? Parce que cette relation comble des besoins essentiels, bien qu’elle le fasse de manière toxique.
Note : Sur ce site, j’utilise le terme ‘pervers narcissique’ par simplification.
Il est important pour moi de rappeler qu’il ne correspond pas à toutes les relations toxiques, chaque situation étant unique.
L’illusion de la sécurité
Dans une relation pourtant destructrice, le besoin sécurité joue souvent un rôle central.
Imagine toi, après une longue journée de travail, ton partenaire t’attend, prêt à te reconduire chez toi. Ce geste te rassure. Pourtant, cette sécurité apparente vient aussi avec des questions intrusives, des remarques sur tes collègues, des accusations voilées. La sécurité est là, oui, mais à quel prix ?
Dans une relation toxique, la sécurité joue souvent un rôle central.
Ce n’est pas un simple faux sentiment de sécurité—c’est parfois une sécurité bien réelle. Elle peut se manifester par une présence constante, un soutien financier, ou un accompagnement émotionnel quand tu en as le plus besoin. Même si cette présence vient avec des sacrifices, elle peut te donner le sentiment d’être protégé(e). Avoir quelqu’un à tes côtés, même dans une relation déséquilibrée, peut être un grand réconfort. Cette stabilité, même fragile, peut te faire penser que, malgré la douleur, la relation remplit un rôle important. Mais cette sécurité a souvent un prix—celui des conflits, de la manipulation, du contrôle—et cela te nuit à long terme. C’est pourquoi quitter un pervers narcissique peut sembler insurmontable.
Des moments d’affection qui enchaînent
Néanmoins, même dans une relation toxique, il y a des moments de douceur et d’intimité. Après une dispute où tu te sens rabaissé(e), ton partenaire te prend dans ses bras et murmure des excuses. Ces moments rares, suivis de tensions, te font croire que tout peut s’arranger, qu’il y a encore quelque chose à sauver. Les comportements toxiques alternent entre compliments et critiques. En effet, les compliments, bien que sporadiques, te font sentir valorisé(e), surtout après des périodes de conflit. Cette validation est ce que tu recherches pour compenser les moments où tu as été rabaissé(e).
Le soutien financier ou l’écoute que tu reçois dans cette relation renforce ta dépendance pour quitter un pervers narcissique. Il devient difficile d’imaginer une vie sans cette aide, même si elle vient avec manipulation et contrôle.
Pourquoi ces besoins sont-ils si difficiles à reconnaître ?
Ces besoins comblés dans une relation toxique peuvent être difficiles à voir clairement. La confusion émotionnelle créée par les conflits, la manipulation ou les comportements contradictoires te fait perdre le recul nécessaire pour les identifier. De plus, ce qui ressemble à un lien toxique cache souvent des attachements émotionnels profonds.
En outre, il y a aussi la peur de l’inconnu. Quitter cette relation signifie abandonner un confort que tu connais bien, même s’il est douloureux. Et surtout, tu ne sais pas si ces besoins seront comblés ailleurs. Cette incertitude est effrayante. En effet, personne ne veut risquer de rester sans soutien, sans affection, ou sans validation. Cela renforce l’attachement, même quand la relation fait plus de mal que de bien.
Comment identifier ces besoins et les combler autrement ?
Une fois que tu reconnais ces besoins, il devient possible de trouver des moyens plus sains de les satisfaire. Voici quelques pistes pour y parvenir sans dépendre d’une relation toxique :
Pour le besoin de sécurité et de présence
Si la relation t’apporte une forme de sécurité, alors construis ta propre stabilité, à la fois émotionnelle et matérielle. Cela peut inclure :
- Premièrement, renforcer tes liens avec des amis ou des proches, qui peuvent t’offrir une présence et un soutien, sans les aspects toxiques.
- Deuxièmement, développer ton autonomie financière et émotionnelle, en prenant des décisions indépendantes et en élargissant ton réseau social.
Pour le besoin d’affection et de proximité
Si tu ressens un manque d’affection, trouve d’autres sources d’intimité et de connexion émotionnelle :
- Par exemple, investir dans des relations plus équilibrées et respectueuses, que ce soit avec des amis, des membres de ta famille ou dans de futures relations amoureuses.
- Participer à des activités sociales qui permettent de créer des liens authentiques et enrichissants, sans manipulation ni contrôle.
Pour le besoin de validation personnelle
Si tu cherches constamment la validation de l’autre, il est essentiel de renforcer ton estime de toi :
- Développer des activités personnelles valorisantes (sport, créativité, projets professionnels) qui renforcent ta confiance et ton indépendance.
- Trouver des sources de reconnaissance bienveillantes au sein de ton entourage, en t’entourant de personnes qui te valorisent pour qui tu es, sans manipulation.
Pour le besoin de soutien matériel et émotionnel
Si tu dépends matériellement de la relation, trouve des alternatives pour ne plus te sentir piégé(e) :
- Explorer des options d’indépendance financière, que ce soit à travers le travail, des aides extérieures, ou des projets personnels.
- Construire un réseau de soutien émotionnel, que ce soit à travers des amis, de la famille, ou des professionnels, afin de trouver un appui sans dépendre d’une relation toxique.
La sortie du cycle toxique
Rompre avec une relation toxique n’est pas facile, mais c’est possible. La première étape est de reconnaître les besoins que la relation comble, et d’accepter que ces besoins peuvent être satisfaits autrement, de façon plus saine et épanouissante. Prendre conscience que la relation, malgré les moments de présence ou de soutien, te fait plus de mal que de bien est essentiel pour avancer.
Une fois la décision prise, il est crucial de rester confiante dans son choix et de ne pas se laisser envahir par le doute. Consulte cet article si tu veux en savoir plus sur comment tenir ta décision de rupture et rester confiante.
As-tu déjà été confronté(e) à cette situation ? Comment as-tu réussi à identifier tes besoins et à sortir du cycle toxique ? Partage ton expérience ou tes réflexions en commentaire, cela pourrait aider d’autres personnes à comprendre et à agir.
Super article qui donne des leviers sur lesquels s’appuyer dans ce type de situation, jamais simple.
C’est un article d’utilité publique !
Merci Vincent,
c’est probablement l’un des commentaires qui pouvait me faire le plus plaisir : car j’ai bien l’intention, à terme, de faire de mes publications un travail d’intérêt public. 🙂
Intéressant, merci !
J’ajouterais qu’on reproduit souvent un schéma de notre passé en allant de relation toxique en relation toxique parce qu’on a un besoin inconscient de revivre ce traumatisme tant que l’on ne l’a pas résolu profondément. C’est aussi parfois le seul genre de relation que l’on connaît, soit parce que la relation de nos parents est ou était toxique, soit parce qu’on a connu que ou en grande partie uniquement des relations toxiques. Et même si cette relation est compliquée, nos cerveaux sont programmés pour avoir peur du changement. De plus, notre bourreau tiens une part de nous suite à ce traumatisme, c’est ce que l’on appelle la fragmentation du soi, et inconsciemment, il nous est impossible ou en tout très difficile de laisser une part de nous même, c’est pourquoi les personnes qui quittent une relation toxique reviennent souvent.
Merci beaucoup pour ce partage, c’est tellement vrai ce que tu dis. Reproduire des schémas du passé est un piège insidieux, souvent ancré en nous bien plus profondément qu’on ne le réalise. Tu exprimes vraiment bien cette dynamique de fragmentation du soi, et la peur du changement est effectivement l’un des plus grands obstacles.